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MARTIN AURELL, Chevalerie lettrée, vie de cour et conduite courtoise [6-35]

La coexistence à la cour, espace de pouvoir, exige une conduite dépassant les tensions entre les individus et promouvant leur sociabilité. La courtoisie consiste précisément en ces règles du savoir-vivre curial, dont la touche féminine tranche sur la chevalerie, strictement guerrière. Son influence s’accroît au rythme du développement de l’alphabétisation des élites et de l’augmentation de leur culture savante, qui favorise la fixation de ses normes dans les manuels de civilité. Proposant de nouvelles règles aux échanges entre les hommes et les femmes, la courtoisie est davantage profane que religieuse: elle s’épanouit plus dans l’aula (la salle de réception et de banquet) et la camera (les appartements privés aux allures de gynécée) que dans la capella ou chapelle. En définitive, la littérature courtoise raffine les pratiques amoureuses et plus généralement les normes sociales par ses conseils et par les modèles qu’elle propose à l’imitation des courtisans.


Coexistence in the court, a space of power, requires a behaviour that transcends tensions between individuals and promotes their sociability. Courtesy consists precisely in these rules of curial savoir-vivre, whose feminine touch contrasts with the strictly warlike chivalry. Its influence increases as elites literacy develops and their scholarly culture increases, which promotes the setting of its standards in handbooks of good manners. Offering new rules for exchanges between men and women, courtesy is more secular than religious: it flourishes in the aula (reception and banquet hall) and the camera (private apartments with the appearance of a gynoecium) than in the capella (chapel). In short, courteous literature refines love practices and, more generally, social norms through its advice and the models it proposes to the imitation of the courtiers.

Letto 616 volte Ultima modifica il Martedì, 08 Marzo 2022 10:27